L´île de Pantelleria en Sicile présente des conditions climatiques et géomorphologiques difficiles, qui ont obligé les paysans à mettre en place des techniques agraires donnant lieu à une agriculture exceptionnelle. La proximité obligée entre paysans et nature s´est consolidée dans une relation particulièrement forte les unissant, qui se perçoit notamment à travers la connaissance fine des territoires hétérogènes de l´île et des éléments les composant comme les types de sol, de vent, la présence plus ou moins importante d´humidité ou de pierres. En particulier, les impacts de tous ces éléments sur la plante, et in fine sur l´homme, mettent en lumière cette relation par des mises en correspondance, typiques des sociétés analogiques. De là, résulte un attachement au lieu fort, ressenti également à travers le respect envers les ancêtres, pour avoir rendu l´île cultivable, après un grand effort d´aménagement et de compréhension de l´écosystème. La transmission de père en fils de leurs savoirs et savoir-faire, et les échanges matrimoniaux, ont donné la possibilité à Pantelleria de construire son économie sur le marché et l´exportation de ses produits agricoles, en particulier du Zibibbo, le cépage dominant de l´île. L´héritage des terres et des savoirs est toujours d´actualité, bien que les changements globaux, l´évolution des modes de vie et de la demande commerciale, amènent à une modification du paysage, relativement plus homogénéisé, et à une perte des pratiques traditionnelles, parallèlement à l´abandon progressif des terres de la part des jeunes, dont l´exode est croissant. L´isolement géographique, la relation avec la nature, l´organisation sociale qui en découle, l´attachement au lieu et l´admiration pour les anciens, sont des éléments qui font partie de l´histoire de vie des habitants, intégrant leur identité, qui semble aujourd´hui s´affaiblir ou se différencier suite à de nouveaux choix de vie.