Ce travail porte sur la pratique du jeûne en contexte de cancer cérébral. Son intérêt a émergé suite à des mouvements scientifiques et médiatiques récents. D’un côté, la multitude des travaux scientifiques, dont ceux de Valter Longo sur les effets positifs du jeûne, font accroître l’attention portée sur cette pratique. D’un autre côté, les médias s’approprient le sujet et diffusent d’abondantes informations qui suscitent de l’intérêt. Cependant cette pratique qui s’inscrit dans un contexte de pluralité de discours et de recommandations autour de l’alimentation-cancer, reste très controversée. Alors, comment se fait-il que des individus ayant un cancer cérébral décident de mettre en place des formes de jeûne alors qu’ils ne sont pas recommandés par les autorités scientifiques et médicales en France ? De la même manière qu’il est possible de faire de la politique avec l’alimentation, nous supposons que le jeûne, dans ce contexte, émerge d’une forme d’empowerment. Nous émettons l’hypothèse que le jeûne s’inscrit dans une intention de maîtriser la maladie qui, par nature, échappe à tout contrôle, en passant par une réflexion interne sur soi à une projection externe vers l’Autre.